(Encadrant : Thomas Beaussier ISIGE)
La bioéconomie désigne l’ensemble des activités économiques qui découlent de l’exploitation et la transformation des ressources naturelles renouvelables d’origine biologique, concrètement, la biomasse agricole, forestière, ou aquacole. Cela englobe des usages aussi variés que la production alimentaire, l’emploi de matériaux biosourcés dans l’industrie ou la construction, en passant par la chimie verte, les cosmétiques, sans oublier la valorisation énergétique.
Dans un contexte où la crise climatique requiert une sortie des hydrocarbures fossiles, les biomasses peuvent s’y substituer pour un certain nombre d’usage, aussi bien du côté des usages matériaux (construction en bois, bioplastiques, caoutchouc végétal), que des usages énergétiques (biométhane, biocarburants, bois, algues). Le développement de cette bioéconomie est un objectif stratégique porté notamment par la commission européenne.
Toutefois, de nombreuses réserves existent quant aux modalités du développement de ces activités. Du point de vue de la lutte contre le changement climatique, certains usages des biocarburants ou du bois énergie peuvent être contre-productifs, selon les contextes.
Par ailleurs, des transferts d’impacts vers d’autres régions ou d’autres enjeux environnementaux sont possibles :
Le développement des biocarburants a pu provoquer des renchérissement du prix des denrées alimentaires, aux conséquences sociales graves. La mise en exploitation de terres peu anthropisées affecte fortement la biodiversité, à des niveaux locaux et globaux. Elle conduit également à puiser de l’eau et des nutriments dans les sols, des ressources dont le caractère renouvelable n’est pas toujours assuré aux échelles de temps des activités humaines.
En France, des scénarios de mobilisation de la biomasse ont été développés par les pouvoirs publics, en incorporant des objectifs de durabilité : mentionnons la Stratégie Nationale de Mobilisation de la Biomasse ou les scénarios Transition(s) 2050 de l’ADEME. Mais la spécificité majeure de ces secteurs réside dans le poids des spécificités locales, en matière de conditions géographiques, climatiques, de pratiques socio-économiques, à des échelles allant de la parcelle au massif.
Élaborer des trajectoires véritablement écologiques nécessite de cartographier à ces échelles les potentiels, les synergies et les arbitrages entre production de ressources et qualité des écosystèmes.
L’objectif de ce projet consiste à explorer et développer différents scénarios de mobilisation et d’utilisation de la biomasse à différentes échelles, dans le cadre du développement de la bioéconomie au niveau territorial.
Cela s’appuiera sur des publications scientifiques, des rapports institutionnels et d’expertise, mais aussi en développant des outils de calculs, en s’appuyant sur des outils cartographiques comme Corine Land Cover, la statistique agricole ou forestière, ou les données de l’INSEE relatives aux activités des industries, afin de prendre en compte la valorisation des co-produits et résidus de ces différents secteurs dans une logique d’économie circulaire. Ainsi, il sera possible d’étudier les enjeux environnementaux associés à différentes trajectoires de développement de la bioéconomie aux échelles territoriales.
thomas.beaussier\@minesparis.psl.eu
Stratégie en matière de bioéconomie pour une Europe durable. https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/IP_18_6067
Stratégie Nationale de Mobilisation de la Biomasse. https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/Strat%C3%A9gie%20Nationale%20de%20Mobilisation%20de%20la%20Biomasse.pdf
Scénarios Transitions 2050. https://www.ademe.fr/les-futurs-en-transition/
Projet Flux Biomasse. https://www.flux-biomasse.fr/