(Encadrant : Thibault GOESSEL (MINES Centre PERSEE - CSTB))
Les Accords de Paris, signés en 2015 lors de la COP21, ont engagé les 195 pays signataires à limiter l’augmentation de la température moyenne mondiale à 2°C, et si possible à 1,5°C. De plus, il a été fixé comme objectif d’atteindre la neutralité carbone au cours de la deuxième moitié du 21e siècle au niveau mondial [1]. Au niveau français, cela s’est traduit par la Loi de la Transition Énergétique pour la Croissance Verte (LTECV) qui a introduit la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) [2]. L’atteinte de la neutralité carbone en 2050 à l’échelle nationale, c’est-à-dire un équilibre entre les émissions et les absorptions territoriales, a ainsi été fixée via des trajectoires de décarbonation des différents secteurs de l’économie.
Le secteur du bâtiment est particulièrement concerné car il est le deuxième secteur le plus émetteur de GES en France en 2019 (23% en ajoutant aux émissions directes lors de l’exploitation des bâtiments, les émissions liées à la production d’énergie consommée dans les bâtiments [3]. La SNBC fixe ainsi une trajectoire ambitieuse avec une réduction de 49% des émissions de ce secteur en 2030 par rapport à 2015 puis la décarbonation complète en 2050. A cela s’ajoute notamment la réduction des émissions liées aux produits de construction qui est rattachée dans le cadre de la SNBC au secteur de l’industrie.
Afin d’atteindre ces objectifs ambitieux de décarbonation, un des leviers principaux réside dans la massification de la rénovation énergétique des bâtiments existants. La synthèse du 6e rapport du GIEC publiée en mars 2023 rappelle que la transition vers un parc de bâtiments énergétiquement performant fait partie des solutions les plus impactantes dans la réduction des GES [4]. Cette massification de la rénovation à l’échelle du parc de bâtiments français aura des conséquences majeures du fait de deux facteurs. D’une part, le volume de travaux est gigantesque avec la volonté d’atteindre un parc en moyenne au niveau BBC en 2050. Avec 37 millions de logements [5] et 973 millions de m² de bâtiment tertiaire [6], les rythmes de rénovation annuels vont dépasser les centaines de milliers de bâtiments. D’autre part, la rénovation se fera à marche forcée, avec des objectifs intermédiaires forts fixés par les textes de lois. La loi "Climat et Résilience" de 2021 programme l’interdiction progressive à la location des passoires énergétiques dès 2025 pour les classes F du DPE, 2028 pour les classes E et 2034 pour les classes D.
Ainsi, avant de réfléchir à l'organisation administrative et politique pour atteindre de tels objectifs, il est nécessaire de traduire cette massification de la rénovation énergétique par des besoins physiques plus élémentaires. Après avoir défini et quantifié un ou des scénarios de massification, le groupe pourra estimer les besoins physiques nécessaires. A l'issue de ce premier travail, il s'agira de confronter ces résultats avec les disponibilités actuelles et prospectives des différents éléments. Le groupe pourra proposer différentes pistes pour tenter de faire correspondre les besoins et les disponibilités en cas de tension.
En guise d'exemple, voici une liste (non exhaustive) des besoins physiques nécessaires pour la massification de la rénovation :
- Main-d'oeuvre (artisans labellisés RGE par exemple)
- Matériaux de construction (béton, verre, acier, bois ...)
- Energie (électricité, biomasse ...)
- Quantité de chantiers (scénarios de massification)
2 questions particulièrement structurantes pourraient être étudiées :
- Le réseau électrique français est-il en capacité d'absorber le développement à grande échelle des pompes à chaleur ?
- Une exploitation durable de la forêt française permet-elle de rénover des bâtiments avec du bois comme matériau structurel et vecteur énergétique ?
[1] CCNUCC. (2015). L’Accord de Paris.
[2] Gouvernement. (2022). Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC).
[3] SDES, C. g. a. d. (2022). Panorama français des gaz à effet de serre.
[4] IPCC. (2023). SYNTHESIS REPORT OF THE IPCC SIXTH ASSESSMENT REPORT (AR6).
[5] INSEE. (s. d.). 37,2 millions de logements en France au 1er janvier 2021 - Insee Focus - 254.
[6] Ceren. (2022). Chiffres clés du logement.